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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 01:07

ASPREMONT (05) : Un peu d'histoire*

ASPREMONT 1910

Aspremont est situé sur un site stratégique, tant à l'époque romaine qu'au Moyen Âge, à l'intersection de la vallée du Grand Buëch et de Chaurane, sur les voies qui reliaient Vapincum (Gap), Mons Seleucus (La Bâtie-Montsaléon) et Lucus (Luc-en-Diois). Il comporte deux principales entités : le Village lui-même, et Thuoux, autrefois Suane, qui fut à certaines époques une paroisse indépendante.

A une altitude de 717 mètres, le village d'Aspremont se situe en zone de moyenne montagne dont ses points culminants dépassent les 1 300 mètres et compte quelques hameaux pittoresques : Les Iscles, La Plaine, Thuoux et Hauteville.

Le bourg principal est joli, accueillant, doré par le soleil déjà méridional. Il est situé sur la route départementale 1075 (baptisée aussi E712) au bord de laquelle des maisons se sont construites. Elles composent le quartier neuf ; tandis que la partie la plus ancienne du village s'accroche à flanc du coteau jusqu'au vieux, très vieux château (XIV ème et XVI ème siècle) dont il ne reste que des ruines.

Concernant les habitants, la population s'y maintient avec une augmentation constante depuis le dernier recensement, où le nombre avoisine les 300 personnes y demeurant à l'année.

L'emplacement où s'élève l'église avait été choisi jadis par le seigneur d'Aspremont au-delà du cours d'eau du Buëch, afin d'obliger les habitants à entretenir plus volontiers le pont sur la rivière.

Le corps central daterait du XII ème siècle et la chapelle latérale y a été rajoutée par la suite, lorsque la population du pays approchait le millier d'habitants.

Dans le campanile ajouré qui domine le sanctuaire, deux cloches se balancent. Celle qui sonne le glas a été baptisée il y a plus de cent ans. Elle eut pour marraine Mademoiselle Marie d'Estienne de Saint-Jean et pour parrain Monsieur Casimir Verdier.

Si petite, si modeste soit-elle, l'église d'Aspremont demeure comme un gage émouvant de la foi des ancêtres.

 

Préhistoire et Antiquité

En 1909, on a trouvé au lieu dit ''coteau des genevriers'', une épée en bronze de 60 cm de long, qui a été datée du Hallstatt ancien (le Hallstatt ou Premier Âge de fer - VIIIème siècle avant J.C - est une période succédant à l'âge de bronze final et précédant la période de la Tène ou Second Âge de fer. Il tire son nom d'un site archéologique situé en Autriche)

En 186O, on a découvert dans une sépulture datée du 1er siècle, deux aiguières et un gobelet en verre de couleur ''lie de vin'' avec des protubérances décoratives en pâte de verre blanche. Les prospections de M.PHILIBERT (1985) ont détecté des fragments de tuiles à rebord et parfois de murs aux lieux-dits Plateau de Champ Fourgon, plateau des Lambert, le Lavour, Serre des Istans, les Richiers. Les restes d'un bâtiment romain avec des pierres de taille, et des fragments de voie romaine ont été identifiés au Col de Ourines, en 1970. Enfin une monnaie en or de Magnence (Magnence, Flavius Magnentius fut usurpateur du titre impérial de 350 à 353)

 

Le château

Aspremont ce qui reste du châteauLe château d'Aspremont, comme de nombreux autres de la région, fut construit au moment de l'invasion arabe (du VIIIème au Xème siècle). Il fut pratiquement terminé au XVIème siècle, et permettait de contrôler les passages venant de Sisteron, de Gap et du col de Cabre. C'était un grand bâtiment rectangulaire avec 2 tours en galets du Buëch recouverts de pierres calcaires grossières. Les angles sont en pierre de taille comportant des bossages décoratifs. On distingue des meurtrières, une bouche à feu, et un conduit de cheminée en brique. Plusieurs fois détruit et rebâti au cours des âges, il fut démoli finalement, à l'époque de la Révolution, par des gens du Forest, dit-on. Ceux-ci étaient en discorde avec le seigneur au sujet des terres de la Garenne, qui venaient d'être conquises sur les rivières du Buëch et Chauranne, et dont ils se disputaient la possession. D'où querelles, luttes et destructions.

Les propriétaires, le comte d'Estienne de Saint Jean et sa femme, noble Dame PELLETIER DE LA GARDE, pensèrent le reconstruire une fois passée la grande tourmente de la Révolution. Mais on leur en demande un millions de francs, une somme fantastique à l'époque ! Devant une telle dépense, ils reculèrent et abandonnèrent leur projet.

De la grande et belle demeure, il ne subsiste aujourd'hui que des pans de murs démantelés, et les jours qui passent n'arrangent pas les choses ! ...Car le château tombé en ruine aurait servi de carrière de pierres.

Une croix de bois indique l'endroit où reposent, dans ce qui fut leur domaine, les sires d'Aspremont et leurs nobles épouses.

 

 

 

 

 

le Pont

M.LESDIGUIERES fit construire en 1615, le ''Pont la Barque'' aux limites du sud d'Aspremont. Ce nom est dû à ce que antérieurement, il existait un service de bacs pour le passage du petit Buëch.                                                le pont à ce jour

aspremont bis le pont début 2Oème

 

Pont d'Aspremont 22 02 2011

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les seigneurs d'Aspremont

Les Comtes du Die régnèrent sur le village jusqu'à la fin du XIIème siècle, puis au XIIIè, les possédants furent la famille ARTAUD DE MONTAUBAN. En 1720, les dauphins achetèrent une grande partie de la seigneurie. La seigneurie inférieure fut à la famille D'ASPREMONT des années 1230 à 1400. Les dauphins revendirent leurs possessions en 1345 à François FREDFULPH, de Parme, Chancelier du Dauphiné. Ses descendants et collatéraux conservèrent leurs terres jusqu'à Philippine FREDULPH qui épousa en 1430 Jean SAURET. Leur descendant, Claude SAURET, fut nommé en 1574, par l'évêque de Gap, au commandement d'une compagnie d'arquebusiers pour la défense du Château de la Bâtie-Neuve, qui était menacé par les Huguenots (Protestants) . Malgré son tempérament vaillant et plein d'énergie, il fut abandonné par ses hommes et fait prisonnier. Sans doute pour conserver sa liberté, il se convertit au protestantisme et devint un des brillants capitaines protestant de LESDIGUIERES. Celui-ci ordonna la défense de la ville de La Mure contre le Duc de Mayenne, en 1580, et son acharnement fut reconnu. Il fut abattu en 1582 lors d'un duel avec Monsieur DE LA VILETTE, Seigneur de Creyers (26). Sans enfant, son héritage revint à sa soeur Françoise, qui épousa en 1582, Laurent BAILE.

Cette nouvelle dynastie demeura à Aspremont jusqu'en 1745, année de mariage de la dernière héritière BAILE avec N. LE PELLETIER DE LA GARDE, qui régna sur Aspremont jusqu'en 1789. A cette époque, la population était de 120 âmes.

 

Les Biens nationaux

Comme la plupart des communes, les biens de l'Eglise et des ci-devant seigneurs émigrés furent confisqués par l'Etat. Celui-ci les mit en vente pour compenser l'appauvrissement de la nation engendré par la Révolution et la lutte contre les états voisins, lesquels ne demandaient qu'à profiter de la faiblesse du pays pour s'en approprier une partie. L'Etat n'ayant plus d'argent, il émit des assignats, papier-monnaie gagé sur la vente des biens nationaux que la population n'appréciait guère.

 

Acte Décès Etat civil de Pierre REYNAUD

Comme d'autres paysans, aspremont acte décès Pierre REYNAUD 5 4 1828Pierre REYNAUD de Sigottier (1754-1828 : il est partie prenante de mon arbre généalogique. Se reporter à  ''Aspremont de 1671 à nos jours'' de Roland COTIN - Généanet coconut2b -), acheta en 1794, comme bien national, à crédit, le domaine des Richiers à Thuoux.  Pour le remboursement, il suffisait de vendre les produits de sa ferme au prix fort en assignats (puisque les marchands préféraient payer avec cette monnaie plutôt qu'en or), puis d'écouler ceux-ci auprès de l'Etat qui les acceptait. Mais, à partir de 1815, à la Restauration, il commença à craindre pour la pérennité de cet achat, car il était fortement question de remettre en cause la spoliation dont l'Eglise et les émigrés avaient été victimes. Il ne fut vraiment soulagé, qu'après le vote de la Loi "sur le milliard des émigrés" en 1825 : elle avait pour but d'éteindre les querelles nées de la vente des biens nationaux. Les propriétaires fonciers, dont les biens avaient été confisqués pendant la Révolution, recevaient une indemnité égale à vingt fois le revenu de leurs biens de 1790.

Les acheteurs étaient désormais à l'abri des revendications des anciens propriétaires. Pierre REYNAUD put mourir sereinement, le 5 avril 1828 à Thuoux

 

les Eglises d'Aspremont

Aspremont la chapelle de thuouxA l'emplacement de l'actuelle Chapelle de Thuoux, existait un prieuré : le Prieuré de SUANE, qui appartenait comme l'Abbaye d'Aspres, à l'Abbaye Saint-Géraud-d'Aurillac. Des prieurs en sont connus depuis 1258. C'était un lieu de pélerinage des paroissiens d'Aspremont, Sigottier et St Pierre d'Argençon. Elle fut déclarée paroisse en 1844. L'intérieur est orné de tableaux anciens et d'un autel en marbre blanc du Xème siècle.

 

 

 


Aspremont l'église actuelleL'Eglise du village, sous le vocable St Pierre-aux-Liens, était au début du XVIè une chapelle. Le prieur curé était nommé par l'abbé d'Aurillac. Elle fut détruite pendant les guerres de religions et c'est la chapelle du prieuré de Suane qui la remplaça pendant plusieurs années.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Relevés de l'Etat Civil du XIXè et XXè siècle

a) le 3 avril 1815, Joseph CHABAL, 40 ans, est "tué à la porte de sa grange par des soldats de troupe marseillais" Nous étions dans les Cent Jours, Napoléon était les 5 et 6 mars à Gap. Est-ce le fait de soudards isolés et incontrôles ? Ou la victime aurait-elle proféré des propos hostiles à l'Empereur en présences de miliciens partisans ? Cet assassinat comme beaucoup d'autres est tombé dans l'oubli.


Carte postale vantant le bon air d'Aspremont

aspremont Carte pour cure d'air

b) On constate une grande quantité de décès de nourrissons et enfants en bas âge venant des hospices de Marseille ou de Gap. Enfants abandonnés ou mis en nourrice chez des femmes d'Aspremont : cette activité procurait quelques subsides aux familles d'accueil.

Mais, il y a aussi une belle histoire : le 17 juillet 1880, Adélaïde ROBERT, enfant des Hospices de Marseille - de père et mère inconnus - épouse Jacques MIELLOU, meunier. Un beau mariage qui compense les nombreux décès de ces enfants démunis.

c) La Grande Guerre apporta à Aspremont son lot de malheurs puisque 18 hommes dans la force de l'âge y périrent.

Un monument aux morts fut inauguré quelques années après.

d) Le Hameau de Thuoux, ce dernier ayant été fortement peuplé au XIXè. Après avoir connu un maximum de population, le hameau se dépeupla après la Grande Guerre, pour tomber quasiment à zéro en 1962 : Albert REYNAUD, fut le dernier. Un couple d'Europe du Nord s'implanta sur cette terre et y créa un élevage intensif. Mais à partir de 1970, les maisons furent habitées de nouveau et de nouvelles constructions virent le jour : on y édifia même un lotissement.


e) les Habitants d'Aspremont au XIXè siècle : les patronymes ayant donné le plus de naissance au 19è siècle (plus de 30 naissances sur environ un siècle) sont : ILLY ° REYNAUD ° ARNAUD ° SIMON ° VERDIER ° GARAGNON ° LESBROS ° FIE ° MASSOT ° CHAGNARD ° JOUBERT ° BARTHELEMY ° ODDOU ° PASCAL ° BEGOU °

°°en gras, mes parents les plus proches faisant partie de ma numérotation Sosa

 


*Sources :

  "Site internet du village d'Aspremont", avec leur aimable autorisation

Complété par les données de Jacques REYNAUD , "Histoire de la Famille Reynaud de Sigottier/Aspremont Thuoux" 1998 (Association de Généalogie des Hautes-Alpes) parues dans 'Provence Généalogie n°157 de Septembre 2010

Archives départementales des Hautes Alpes "réponses des communautés 1789" et "Aspremont, chapelles rurales"

J-L LADOUCETTE, "histoire des hautes alpes" 1848

J.ROMAN, "tableau historique et répertoire archéologique du département des hautes alpes" 1888

Musée départemental de Gap, "archéologie dans les hautes alpes" 1991

Louis MASSOT, "le haut buëch hier......."1993  et "le buëch autrefois" 2000

Conseil d'architecture et d'environnement des hautes alpes : "circuit et découvertes du Buëch et Baronnies"

Michel PROVOST et Isabelle GANET, "Pré-Inventaire  archéologique du 05" 1995

Didier FEUER, Jean d'HENDECOURT, "Dictionnaires des rois et reines de France" 1997

Nathalie NICOLAS, "un patrimoine fortifié mais fragile" bulletin de la ste d'études du 05 - 2010



 

 

 

 


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